Remous au PS

Six conseillers régionaux d'Ile-de-France quittent le PS

Après les cas Julien Dray et Georges Frêche, la constitution des listes pour les régionales continue de provoquer des remous au PS. Absents de ces listes, six conseillers régionaux d'Ile-de-France, dont deux vice-présidents, ont annoncé mardi qu'ils claquaient la porte du parti. « Nous ne pouvons plus cautionner les pratiques d'un appareil fermé et opaque », clament-ils. Tandis que la direction du PS fait état de sa surprise et de sa tristesse.

En dessous d'un court communiqué de presse, dénonçant aussi « la disparition des valeurs fondatrices et collectives du Parti socialiste », les noms des dissidents s'égrainent : Danièle Chazarenc, Elisabeth Gourévitch, Nathalie Kaufmann-Khelifa, Jean-Jacques Lejeune, Serge Mery, Michèle Valladon. Tous sont adhérents depuis plus de 25 ans.

« Nous ne sommes pas des perdreaux de l'année qui font un caprice, c'est une réflexion mature », explique à Rue89 Nathalie Kaufmann-Khelifa, membre du Parti socialiste depuis 1980 et ex-adjointe au maire de Paris :

« Cette décision s'est prise dans la douleur et dans la souffrance. Ça fait trente ans que je suis au PS, le PS a rythmé ma vie. Ça fait des mois que ça me trotte dans la tête, mais j'avais un mandat, je me devais d'être loyal vis-à-vis des électeurs. La façon dont ont été faites les listes pour les régionales a forcé ma décision.

Il n'y a que les logiques de courants et d'appareils qui comptent. Vous n'imaginez pas l'indifférence dans laquelle cela se passe. J'ai seulement reçu une lettre du premier fédéral. Sinon rien, aucun respect. Et qu'on ne vienne pas me parler de renouvellement. Les trois premiers de la liste à Paris sont des sortants : Anne Hidalgo, Guillaume Balas et Marie-Pierre de la Gontrie. »

« Je ne trouve pas ça correct, ça me rend triste »

C'est pourtant sur ce point que la direction du parti insiste, par la voix de son porte-parole Benoît Hamon. « On a renouvelé près de 60% des listes. Quand on est en période de reconstruction, le vieux parti convulse », confie-t-il à Rue89, oscillant entre colère et tristesse :

« Quand on en arrive là, on est prêt à tous les arguments. C'est épiphénoménal, mais ça montre qu'ils se comportent comme si leur mandat leur appartenait. Le fait de ne pas être renouvelé les amène à ne pas honorer leur mandat jusqu'au bout au nom du PS.

Je connais très bien quelques uns d'entre eux, qui doivent au PS leur mandat et leur rémunération tout au long de leur vie. C'est comme si on devait les récompenser d'avoir été élus. Le PS ne leur doit rien, c'est eux qui doivent, d'abord aux électeurs, ensuite aux militants. Je ne trouve pas ça correct, ça me rend triste. »

« Au PS, si vous sortez de la ligne, vous êtes mort »

En politique comme ailleurs, le malheur des uns fait souvent le bonheur des autres. Les autres étant ici les partis concurrents et en premier lieu la mouvance Europe Ecologie. Après le ralliement de Stéphane Hessel, militant des droits de l'homme âgé de 92 ans et proche du PS, ou encore du maire communiste de Sevran (Seine-Saint-Denis), Stéphane Gatignon, le mouvement politique écolo pourrait enregistrer trois nouvelles arrivées à cette occasion.

« Si Michèle Valladon rejoint le Parti de Gauche, et Danièle Chazarenc comme Serge Mery sont pour l'instant en stand-by, Elisabeth Gourévitch, Nathalie Kaufmann-Khelifa et Jean-Jacques Lejeune viennent à Convergence-s », révèle Eric Loiselet, le porte-parole de cette passerelle entre le Parti socialiste et Europe Ecologie, qu'il a lui-même inaugurée en quittant le PS au mois d'octobre pour prendre la tête de liste EE en Champagne-Ardenne. Et de préciser :

« Pour être à Europe Ecologie, il leur suffira de signer l'un des textes d'Europe Ecologie conçus dans chacune des régions, car Europe Ecologie est un mouvement, pas un parti ; il n'y a ni carte ni adhérent. »

Un processus qu'est donc en train de suivre Nathalie Kaufmann-Khelifa. Si elle concède que les choses auraient certainement été différentes si elle avait fait partie des listes socialistes, elle prend soin surtout de préciser que sa « démarche n'est pas intéressée » :

« Je rejoins dans un premier temps Convergence-s, pas encore Europe Ecologie, même si je trouve leur dynamique intéressante. Je n'ai pas quitté le PS pour aller chercher ailleurs une candidature. Ce n'est pas à l'ordre du jour, on verra pour les autres échéances électives. Je rejoins un mouvement ouvert à tous, qui associe des personnes différentes. Alors qu'au PS, si vous sortez de la ligne, vous êtes mort. »

http://www.rue89.com/2009/12/16/six-conseillers-regionaux-dile-de-france-quittent-le-ps-130317

Le cas de Julien Dray risque de se reposer: en effet, le parquet se dirige vers un abandon des poursuites.

Julien Dray a cependant pati de cette mise en lumière: sa vie privée a été mise en pature... Il me paraîtrait cependant normal qu'il soit à nouveau candidat, son honneur lavé (en justice, mais probablement pas dans l'opinion publique). Ce qui lui est arrivé mériterait, à mon sens, une enquête. Qui a voulu le déstabiliser?